Auguste et les Arsacides ou le prix des enseignes ~ Jean-Yves MaleuvrePARTHICA 8 - 2006 (pp. 169-194)
ABSTRACT In order to recover peaceably the legionary eagles captured from Crassus, Augustus had entered into an exchange of gifts with the current Arsacid, Phraates IV. EXTRAITS [P. 169] Les cuisantes défaites de Crassus (- 53) et d'Antoine (- 36) face aux Arsacides marquent d'une forte empreinte les relations romano-parthes du premier siècle avant notre ère. § 1. Un contexte standardisé: le barbare et l'empereur. [P.169] Les historiens modernes, à la suite des Anciens, s'accordent très largement pour décrire comme une date butoir cette glorieuse année -20 qui vit le retour des étendards et des prisonniers, et impressionna si vivement les consciences romaines. [P. 170] Pourtant, plusieurs indices conduisent à relever les incohérences et inexactitudes des sources, ainsi qu'à rechercher ce mystérieux «quelque chose» qui servit de contrepartie à la restauration de la dignité romaine. § 2. Tiridate, fourrier de Rome. § 3. Horace et les parthes. [P. 174] Témoin de première main, contemporain des faits, très bien introduit dans les sphères gouvernementales par l'étroite amitié qu'il entretenait avec Mécène, Horace apparaît comme littéralement obsédé par la question parthe, laquelle, toutes allusions confondues, revient une quarantaine de fois dans son œuvre, dont plus de trente pour les seules Odes. § 3.1. Horace au premier niveau de lecture. [P. 175] Ce en quoi ils font abstraction de la notion de «cacozelia latens», nom donné par M. Vipsanius Agrippa, principal lieutenant d'Auguste, à un système d'écriture fort sophistiqué permettant à un auteur dissident (et l'accusateur mettait spécifiquement en cause Virgile et Mécène) de dissimuler sa pensée véritable sous une surface «politiquement correcte». Qu'il faille compter Horace parmi les adeptes les plus actifs de cette «double écriture», c'est ce que nous voudrions montrer à présent, toujours dans le cadre de la question parthe.
§ 3.2. Horace au second niveau de lecture. § 3.3. La restitution des enseignes: un secret bien gardé. [P. 177] Chose étonnante, l'auteur des Odes, quelques années avant l'événement, s'était prononcé vigoureusement contre le rachat des prisonniers. Il s'agit de la pièce III, 5, où, sous couvert d'abonder dans le sens d'un patriotisme pur et dur censé représenter la doctrine officielle du régime, le poète dénonce en réalité la lâcheté et l'hypocrisie d'Auguste qui, faute d'avoir le courage d'affronter les Parthes, médite d'ores et déjà de leur acheter la paix tout en faisant croire aux Romains qu'il la leur impose: «C'est ce que voulait éviter l'esprit prévoyant de Régulus quand il s'opposait à la conclusion d'accords infamants».
§ 4. Une décennie de tractations (-30/-20). § 5. Le dénouement, ou la célébration d'une manipulation. [P. 185] Les victoires proclamées sur les Parthes et sur l'Arménie n'en font pas moins l'objet à Rome d'une mise en scène dont on perçoit l'ampleur sur les monnaies d'Auguste, où les légends «signis receptis» et «Armenia recepta» abusent les imaginations. Conclusion. [P. 186] Enfin, il importe de s'interroger sur Musa, cette esclave romaine qui fut offerte par Auguste à Phraate IV parmi d'autres présents. Une étude récente tendrait à montrer que Phraate IV, contrairement aux affirmations de Flavius Josèphe, n'est pas le souverain vieillissant et influençable qui abandonne progressivement les rênes du pouvoir au nom de son amour pour cette femme. Références. Musa, the mysterious slave who became Queen of Persia: |